PENSER AUTREMENT

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Illusions

1213 Poème de couleurs

1213 Poème de couleurs

C’est le processus de transformation et de conceptualisation de nos perceptions qui en limite le champ, puisque le cerveau ne peut traiter qu’une information à la fois ; c’est ce qui crée aussi l’illu­sion de la succession des phénomènes et du temps qui passe. Mais comment se libérer de cette limitation ? En lâchant prise du processus mental, qui est le filtre que l’ego place sur les perceptions pures ? Les quatre jhanas* du sans-forme sont une façon de percevoir cette conscience totale et infinie, la vacuité, et le nouveau mode de perception non duelle et non conceptuelle qu’elle impli­que. Il faut donc lâcher prise des agrégats* qui forment le processus mental. La conscience senso­rielle, en ordonnant la succession des contacts, créé l’illusion du temps qui passe ; la sensation crée l’illusion de la dualité ; la perception crée l’illusion des concepts ; les formations mentales créent la prolifération (l’illusion de la causalité et du karma, de la conditionnalité, de l’action et du mouve­ment). L’agrégat physique, de son côté, crée l’illusion des formes matérielles (le corps et le monde).

Les cinq agrégats sont ce qui crée l’existence de l’être individuel, qui a l’illusion d’être une entité séparée du tout : l’illusion de l’ego. Pour se libérer du processus des agrégats, il faut d’abord cesser de s’identifier à lui, d’y être attaché et de le considérer comme soi ; et voir que c’est un processus naturel et impersonnel, mais qui fonctionne comme le projecteur des illusions du monde des apparences.

Le plus pernicieux des agrégats est la conscience sensorielle : le dernier de la liste ; mais en fait le premier à agir, puisque c’est le filtre qui réduit à l’instant présent notre champ de perception et crée ainsi l’illusion du temps qui passe. Comment s’en libérer ? Car c’est aussi la conscience qui nous permet de vivre dans le monde du samsara* ; ou nous y oblige ? 


Jhana (pali ; sanscrit : dhyana) : absorption méditative. Les jhanas sont des états de profonde méditation produits par la concentration. Les enseignements du Bouddha citent huit jhanas – quatre jhanas de la sphère matérielle subtile et quatre jhanas de la sphère immatérielle. Si Ayya Khema insistait beaucoup sur l’importance de la pratique des jhanas, curieusement, ils sont rarement enseignés dans les milieux bouddhistes occidentaux, et même souvent déconseillés.

* Agrégat (pali : khandha) : khandha signifie agrégat, tas, ensemble. Les cinq agrégats sont, selon les bouddhistes, les cinq grandes catégories – ou ensembles d’éléments – qui constituent l’être humain. Il s’agit de l’agrégat matériel : le corps (rupa), et des quatre agrégats mentaux : la sensation (vedana), la perception (sañña), les formations mentales (sankhara) et la conscience (viññana).

Samsara (pali) : littér. transmigration perpétuelle. Désigne le cycle des renaissances – le monde conditionné dans lequel nous vivons – qui, tant que nous n’en avons pas perçu la nature illusoire et le considérons comme la seule réalité, est comparé par le Bouddha à un océan de souffrance.

 

12 novembre 1991, Bangkok

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