PENSER AUTREMENT

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1200 Poème de couleurs

1200 Poème de couleurs

Pas très satisfait des échanges avec Gérard* sur son blog. Sa dernière réponse disait simplement que mon explication détaillée de ce que j’avais compris de sa réponse précédente était à peu près correcte (« Oui Pierre, on peut voir les choses ainsi »), sans commentaire. Est-ce une manière de mettre fin à un dialogue qui devient peut-être dérangeant ? J’ai souvent l’impression de déranger avec mes questions. Contiennent-elles une certaine provocation ? Peut-être. En plus, je n’ai pas l’impression qu’elles m’apportent vraiment de réponse. Quelle est véritablement ma question ? Je devrais l’examiner. Ou est-ce que je veux simplement mettre en doute les idées de la personne ; ou la pousser à les exprimer d’une autre manière, plus en détail, plus précisément ? Est-ce que ce genre d’échange apporte vraiment quelque chose de nouveau ? Ou le maître répète-t-il simplement son enseignement sans le remettre en question. Ce ne sont que des échanges de pensées crues, donc fallacieuses ! 

Faut-il relancer le dialogue ?

Est-ce que la réalité se limite aux évidences, telles que le temps qu’il fait et les contingences fonctionnelles de la vie quotidienne ? C’est un peu triste. Tout le reste est illusions fallacieuses ; mais le temps qu’il fait et les préoccupations quotidiennes sont-ils moins illusoires ? Tout ce qui apparaît sur le miroir du mental est l’expression de la conscience (ou de la vacuité), et en constitue les ornements, bien réels au moment où ils apparaissent, mais éphémères et sans existence inhéren­te. Hui Neng dira qu’il n’y a pas de miroir… Où les pensées et les perceptions pourraient-elles donc apparaître ? Il n’y a pas de moi qui puisse les revendiquer, elle apparaissent néanmoins (c’est ce qui signifierait ne pas les rejeter ?). Qui est-ce alors qui les perçoit ? Car le védantin a toujours besoin d’un percipient, d’un sujet, d’un témoin. Ce serait alors le « je suis », l’« êtreté » ; ou le « Je », l’inconnaissable (le nouménal de Nisargadatta Maharaj). Deux choses que quelqu’un s’approprie (le sentiment d’être et l’absolu) ; quelqu’un qui se nomme toujours « je », appellation ambiguë de concepts qui devraient être impersonnels !

Finalement, que faut-il croire de ces affirmations sur la nature du soi, des pensées, de l’exis­tence ? Toute croyance n’est-elle pas qu’une autre vue, erronée puisqu’elle est une vue, et fragmen­taire. La vérité est de ne rien savoir, de ne rien croire ; car comme on n’est rien, qui pourrait croire ou savoir ? Le frémissement de la manifestation s’exprime dans l’instant, dans toute sa splendeur ; et dans le silence du cœur, il y a émerveillement, étonnement, amour… pour ce spectacle illusoire !

Qui pourrait avoir des questions à poser ? Et pourquoi ?

 

* Gérard : maître de la non-dualité.

 

20 novembre 2014, Chiang Mai

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