Que faire ? L’aventure ?
Que faire ? C’est là le problème ! Abandonner le passé ? Renoncer aux habitudes, aux travaux commencés, aux efforts, au temps et aux moyens investis dans ce que j’ai entrepris ? Suis-je capable de tout liquider, de tout donner, et de partir à l’aventure dans autre chose ? Mais dans quoi ? Y a-t-il vraiment des aventures extérieures, d’autres lieux, d’autres occupations, si le moi qui est à l’intérieur reste le même ? C’est lui qui doit changer, qui doit disparaître : celui qui est attaché, qui a ses habitudes, ses craintes, ses angoisses, ses doutes, ses limitations ; celui qui manque de confiance, de courage, d’enthousiasme ; celui qui ne sait pas s’amuser, aimer, être heureux, vivre pleinement, vivre dans la lumière. Comment le réveiller celui-là, le secouer, le sortir de sa torpeur, de son ennui, de ses souffrances, de ses problèmes, de ses blocages ? En mettant en place des projets extravagants, de vraies créations, pas de petites peintures timides ou des notes dans des cahiers, mais de grandes choses. Qui va les comprendre, répond-il ? Est-ce que quelqu’un a besoin de les comprendre ? C’est moi qui dois m’élever, évoluer, jaillir hors de ce cirque infernal. Qu’est-ce que j’en ai à faire de ce que les autres comprennent ou pas, s’ils veulent rester plongés jusqu’au cou dans leur médiocrité…
18 novembre 1998, Chiang Mai